Belle et sauvage Madinina

J’avais très envie d’écrire sur mon séjour aux Antilles, car en quittant ces îles après un mois de pérégrinations, c’est une foule de rencontres, d’aventures, d’expériences et de ti ponch que je laissais derrière moi…
Un mois, c’était trop court! A peine le temps de se mettre dans le rythme, d’avoir ses repères, ses habitudes et même des amis que sonnait déjà l’heure du départ. Mais c’est ça aussi le jeu du voyage. On laisse des petits bouts de vie par-ci par là, comme autant de promesses de revenir un jour…

dav
Toucher la terre après 14 jours de mer
dav
Sainte-Anne

Martinique en vue!

Une fois n’est pas coutume, j’arrivais à nouveau dans un endroit qui ne m’avait jamais interpellé avant. J’avais malgré moi, une idée bien précise de ce qui m’attendait : une marée de touristes, des barrières d’hôtels anonymes et des plages inondées de chaises longues et de parasols. Faux, archi-faux!
Au contraire, c’est une Martinique magnifique, tranquille, sauvage et surtout accueillante que j’ai découverte!

Mon port d’attache, c’était Sainte-Anne, petite bourgade sans charme particulier mais dont l’ambiance vacancière et sereine était des plus agréable après deux semaines de mer. Une église, un marché, quelques ruelles remplies de magasins à souvenirs hors-de-prix, la boulangerie avec la précieuse connexion wifi, 2-3 restaurants et on est déjà sorti du centre.  Commence ensuite la balade qui longe le littoral, celle qui passe à travers la forêt, la mangrove et on découvre au détour des pointes rocheuses pleines de promesses, des  petites anses cachées on se sent seul au monde et la baignade “dans son plus simple appareil” s’impose d’elle-même. Cette balade qui deviendra la mienne au fil des jours…

Dis-moi sur quelle anse tu vas, je te dirais qui tu es…

Petits conseils pour qui cherche une plage tranquille en Martinique : primo, trouver la plage des nudistes. En général, on y trouve peu de monde, pas d’enfants (donc du calme), pas de jeunes non plus à bien y penser (donc pas de sono à donf) et beaucoup de place pour poser son hamac vu que le nudiste aime à faire bronzer ses blanches fesses au soleil.
Le petit plus en plus? rien ne vous oblige à montrer les vôtres, de fesses.
Deuxio, opter pour une plage loin d’un parking, l’homme fainéant de nature, les familles nombreuses et les pique-niqueurs du dimanche rechigneront à s’y aventurer. Combinez les deux et vous tomberez sur mon petit coin de paradis.

dav
cocons à sieste
dav
L’anse secrète…

Et si, comme moi, vous arrivez quelques jours avant les vacances de Pâques, profitez bien de cette douce léthargie car le littoral va se transformer sous peu en ZAD géante… il faut savoir que toute la Martinique colonise le bord de mer durant ce week-end de résurrection. J’ai donc assisté à la croissance rapide et exponentielle de ces campements qui vont du plus basique -simple hamac sous une bâche- aux véritables villages avec accès à l’électricité, câble TV, cantines et autres indispensables du parfait petit campeur. Si vous n’y prenez pas garde, y’a moyen de se faire prendre en otage et de finir à boire des coups tout en jouant au domino.

La Martinique en stop

Nous avons donc fui, tel Adam et Eve, notre petit paradis terrestre le temps que les festivités passent et en avons profité pour partir découvrir le reste de l’île. Avec mon compagnon de route, Bertrand, on s’est mis d’accord : prendre le bus, c’est tricher!

C’est donc le pouce en l’air, en duo mais aussi en solo que j’ai sillonné une bonne partie de la Martinique. Le stop en soi est quelque chose de très simple, en gros il te faut juste un endroit stratégique, un sourire avenant et une bonne dose de chance.
Alors on est d’accord, il est des pays
cette recette ne te servira à rien, car ce n’est simplement pas dans leur mentalité, en témoigne le souvenir cuisant d’une journée stérile de stop en Croatie.

Mais en Martinique, ça marche du tonnerre! Et l’île est tellement petite qu’il arrive de se faire prendre deux fois par les mêmes personnes, ou bien, qu’une personne te voit faire du stop un matin du côté de Morne-Rouge et te recroise en fin de journée au bord d’un croisement dans un endroit totalement différent et bien qu’il ne prenne “JAMAIS, mais JAMAIS d’auto-stoppeur”, il se dit que juste pour cette fois, il va faire une exception, parce que quand-même…

Le stop, c’est comme la boîte de chocolat de Forest, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. C’est le loto de l’être humain, le nuancier des personnalités, le hasard qui fait bien les choses. De prime abord, en Martinique je pensais surtout croiser chouchou et loulou en lune de miel, Jacqueline et Dédé qui profite de leur retraite ou encore Adeline et ses besties en mode “je-me-pète-la-tête-au-ti-ponche-et-je-couche-avec-toi-beauté-exotique”. Alors, oui, je les ai tous rencontrés, sauf peut-être Adeline (ou bien était-ce moi?), ayant pour point commun d’avoir eu pitié d’une âme desséchée au bord de la route. Mais il en est, des personnes qui vous marquent, comme Christian, avec qui on a tellement rigolé qu’il nous a poussé jusqu’à notre embarcadère. Lionel, mon beau Lionel avec qui on a fini par passer l’après-midi ensemble à la plage et comment ne pas mentionner Arthur, en Guadeloupe cette fois, qui est devenu un vrai ami.

Alors oui, pour les petits budgets qui rêvent des Antilles, je recommande le combo stop et sac-à-dos. Déjà parce qu’il ne pèsera pas lourd ce sac, ensuite parce qu’avec ses plages et anses par centaines, ce n’est pas les endroits pour dormir tranquille qui manquent (pour les girls, on préfère l’option à deux quand-même). Ensuite parce que sa petite taille fait qu’elle peut facilement être parcourue en stop. Une belle occasion aussi de rencontrer les locaux, qui auront toujours une histoire à vous raconter, un conseil ou des fruits à vous donner et parfois même des livres douteux qui ont pour but de sauver vos âmes…

Rando en Martinique : sueur, souffrance et félicité

Bertrand, c’est un marcheur! il avait parcouru pas moins de 2000 kilomètres en France, juste avec ses mollets. Donc la rando, il connaissait.
Pour ma part, je faisais confiance à mes gènes suisses et à ma pratique plus au moins régulière de la marche, pour me sentir confiante et prête à me lancer sur tous les sentiers de la Martinique avec pour but ultime, l’ascension du Mont Pelé.

Pour se remettre en jambe on s’est dit que le Morne Larcher, un petit 400 m – histoire de s’offrir une jolie vue sur le Diamant – serait une bonne idée… Alors, je vais être honnête, j’ai fais la maligne avec mes gènes suisses et soit disant que c’était pas une colline qui allait me faire peur, parce que, moi, c’est des montagnes, que je gravis en général!

Ouais bhen les 400 m en ligne droite directe, par 35 degrés, 85% d’humidité et une gourde à moitié vide pour deux m’ont clairement remis en place! Suis arrivée en haut de cette foutue colline, en soutif, écarlate, haletante, proche de l’extase certes, mais avec des taches noires dans mon champs de vision, la tête tournante et l’envie de me coucher pour ne plus jamais me relever. En gros, j’ai pris cher!

Mais bon, le but c’était de se remettre en jambe, non? Et puis un fois qu’on a reprit son souffle, que l’air frais a fini de nous sécher, on a déjà oublié, nous laissant que la satisfaction de s’ếtre surpassé.

dav
Ascension du Morne Larcher et sa vue imprenable sur le Diamant

Réaliste, toutefois, j’étais un peu sceptique sur la suite des randonnées… Mais, je n’allais pas baisser les bras avant d’avoir fait le premier pas quand-même!

J’ai bien fait parce que j’ai vécu par la suite deux jours de rando absolument incroyables! J’ai souffert ma race comme jamais, cru que je n’allais jamais y arriver, perdu des litres de sueur, niqué mes pieds dans des chaussures pourries, glissé dans la boue, tombée dans une rivière (adieu téléphone), me suis tapée des montées de dingues, des averses tropicales, croisé la matoutou falaise (la mygale arboricole), me suis rafraîchie sous une cascade, construit un toit de fortune en branches de palmier pour dormir au sec dans mon hamac et me suis jurée à de multiples reprises de ne plus jamais JAMAIS me lancer dans une telle folie!

Les belles chose se méritent et les randonnées de Anse Couleuvre et de Grand-Rivière sont des incontournables de la région qui offrent une immersion dans la jungle martiniquaise unique. Il fait savoir qu’une fois lancé sur le tracé de Grand-Rivière qui est un aller simple, on rentre dans une zone vierge de routes et d’habitations, c’est marche ou crève en gros.

Il va de soi que je ne suis jamais montée sur le Mont-Pelé. Moi et mes pieds tous foutus on a dit au revoir aux compagnons et on a taillé la route de notre côté. Et après avoir lâchement abandonné un kilo de lentilles sur le bord de la route histoire de gagner en légèreté, j’ai trouvé le courage de faire une ultime rando…

Toutes les bonnes choses…

Après deux semaines de bonheur en Martinique il était temps de lever l’ancre pour notre destination finale, la Guadeloupe où après avoir découvert le rhum martiniquais à travers la visite -plus que sage- de ses rhumeries, j’allais passer à la phase pratique et intense du ti ponch.

dav
Un dernier coucher de soleil sur le Diamant avant de lever l’ancre…